vendredi 5 avril 2013

Vous en reprendrez bien un peu ? !

A l'instar de beaucoup de fans de Jean Teulé, je me suis précipitée pour acheter son dernier ouvrage "Fleur de tonnerre", paru il y a quelques semaines, chez Julliard.

Comme bon nombre de lecteurs de Jean Teulé, j'apprécie sa capacité à associer faits historiques et humour (noir). "Fleur de tonnerre" recèle tous les bons ingrédients. Ce livre nous entraîne dans un périple breton où foisonnent les croyances les plus incroyables.

Fleur de tonnerre c'est Hélène Jégado (tristement) bien connue en Bretagne pour avoir été la serial  empoisonneuse numéro 1.

Après l'usage des baies de belladone, Hélène passe à la vitesse supérieure en pratiquant son "art" avec la reusenic'h (!) achetée chez le pharmacien. Cette poudre blanche, initialement prévue pour exterminer les rats, servira à d'autres bien sombres desseins...

Couverture du livre "Fleur de tonnerre", paru en 2013.

Suite au "glissement" d'une malheureuse innocente, Hélène, inquiète veille au respect des traditions ! ...

"Après le dernier soupir, il faut éteindre les chandelles pour le passage de l'âme et aussi faire attention que celle-ci ne fasse tourner le lait ou ne se noie dans l'eau du broc. Voilà, c'est fait. Je suis épuisée. Maintenant, j'aurais bien besoin de sortir prendre un petit remontant, moi !"

De passage chez des soeurs, où elle n'aura pu (et ce n'est pas faute d'avoir essayé !), estourbir deux ou trois nonnes au passage, Hélène est renvoyée...

"Sortez de ce couvent, Hélène. Votre affaire fera le tour des lieux saints du Morbihan où vous ne trouverez plus jamais un emploi. En revanche, je ne relaterai pas en ville les événements extraordinaires qui se sont déroulés chez nous car vous seriez capable de dire que vous n'y êtes pour rien et alors les paysans raconteraient, dans les veillées des campagnes, que ce sont des korrigans*, fées, sirènes, Poulpiquets* velus qui ont fait le coup... ou je ne sais quelle créature folklorique sortie de ces terres druidiques."

* voir en fin de billet

On ne répétera jamais assez l'importance de maîtriser les langues étrangères voire régionales ! Notre Fleur de tonnerre arrivant chez un nouvel employeur...

A celui qui a ouvert et aimerait savoir : " Et vous, qui êtes-vous ?", tout en allant grimper les marches de la maison, la femme de Plouhinec répond en breton :
- On m'appelle Hélène. Sinon, qui je suis vous l'apprendrez bientôt... à vos dépens".

Hélène sait bien que lorsque l'on aime, on ne compte pas ! Ainsi, au fil des décennies, c'est une soixantaine d'individus (homme, femmes, enfants et nourrissons !), qu'elle va consciencieusement dézinguer, à tour de bras, à travers toute la Bretagne.

La veille de son exécution, le 26 février 1852, Hélène Jégado confie à son bourreau :

"Lorsqu'ils évoquaient devant moi l'Ankou, je me souviens de la terreur de mes parents : quand on entendait dehors un bruit répété trois fois, les longs cheveux de mon père devenaient raides et ma mère paniquait. Je voyais l'importance de l'Ankou dans la famille, me disais "Je deviendrai importante. Je deviendrai ce qui les intéresse". Du coup, j'ai tué mes parents, mes tantes maternelles, ma soeur".

"Je suis devenue l'Ankou pour surmonter mes angoisses. Et ensuite je n'en avais plus puisque l'angoisse ce fut moi. "Je ne subirai plus leur peur. C'est moi qui déciderai"....

" ... Je ne disculpe ni n'accuse, j'explique !... Les peurs de mes parents m'ont tellement fait peur ! Ils m'ont donné leur peur et le sol a vacillé. J'ai eu trop peur lors des veillées. Quand les parents sont tétanisés par une peur, ils ne protègent pas. C'est vraiment impressionnable, les enfants, merde ! s'énerve-t-elle. En fait, quand les parents ont tellement peur, ils projettent leur peur sur les petits et il n'y a plus de protection, quoi ! Et alors après..."

Tout est dit.
Mesdames et messieurs les parents, méditez bien !


* Illustrations informatives.
Le Korrigan, comme son nom l'indique
Le Poulpiquet, comme son nom l'indique

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