lundi 28 juillet 2014

"Un avion sans elle" peut-être... mais pas un été sans Michel Bussi !

Voici un bon roman de vacances ! C'est quoi un roman de vacances ? Un livre qui vous détend, que vous pouvez ouvrir selon vos envies, vos occupations, le reprendre sans perdre le fil, le lire en attendant l'embarquement, le glisser dans votre poche, en écorner les pages sans craindre de l'abîmer.

Michel Bussi c'est l'auteur qui monte, qui monte... Sans faire de bruit il se hisse à la 8ème place des plus gros vendeurs de romans en 2013.

"Un avion sans elle" est le premier roman de Michel Bussi que je lis. Ici point de mots savants ou de style trop alambiqué. Tout se joue sur l'histoire et les rebondissements.

Quelle histoire ? Suite à un crash d'avion sur le mont Terrible en 1980, le seul survivant est un nouveau né ; une petite fille. Cette dernière va se retrouver au centre d'une bataille que vont se livrer deux familles. D'un côté les Carville, riche famille industrielle de banlieue parisienne, et de l'autre les Vitral, modeste famille de Dieppe qui vend des gaufres et des frites sur les plages normandes. La justice tranchera...

La grand-mère, Mathilde de Carville, non contente de la décision de justice et convaincue que l'enfant est bien sa petite fille, s'offrira les services de Crédule Grand-Duc, ancien mercenaire reconverti en détective privé, afin d'élucider le mystère de cet enfant.

Au bout de 18 ans d'enquête, de contre-enquête, d'interrogatoires, de reconstitution, de pistes improbables suivies, et d'un test ADN, Crédule décide, face à cette insoluble affaire, de mettre fin à ses jours. Au moment même d'appuyer sur la détente, la vérité lui saute aux yeux ! Il a résolu le mystère d'Emile/Lyse Rose...
Paru au format poche, chez Pocket


Les différents personnages tiennent une place importante, ils sont étudiés et disséqués. On peut citer, Malvina de Carville, la tête d'une femme de 40 ans plantée sur le corps d'une fillette qui se balade avec son Mauser dans la poche prête à dégainer, Nicole Vitral et son physique troublant qui ne cesse de refermer ses boutons de chemisier et de son gilet, Mathilde de Carville, grande prêtresse des potions magiques, Ayla Ozan exilée turque gérante d'un kebab inquiète pour Nazim l'associé de Crédule... qui, finalement aurait mieux fait de s'inquiéter pour elle ! Tous les personnages ont une vraie densité.

L'ensemble du livre repose sur sa chute. La fin est étonnante, imprévue, époustouflante tout en étant très réaliste. C'est un livre bien ficelé !

Pour en savoir plus sur l'univers de Michel Bussi, c'est ici

vendredi 25 juillet 2014

Le cas Camilla Läckberg : ça s'enlise et ça fait pschittt...

Les lecteurs réguliers de ce blog le savent, je chronique uniquement des livres appréciés et que j'ai envie de partager. Je juge inutile de consacrer du temps à médire sur tel ou tel auteur ou roman. Enfin, ça c'était avant. Avant d'avoir lu le dernier Camilla Läckberg.

Le billet qui suit est d'autant plus pénible voire cruel à écrire (snif, snif) qu'entre Camilla Läckberg et moi c'était une longue histoire... Mais quand c'est trop, c'est trop ! Une histoire qui remontait à son premier roman "La princesse des glaces" (2008). Une nouvelle auteure de polars, une femme et nordique (c'était assez nouveau pour l'époque) venait d'entrer sur scène.
Quelques uns des romans de Camilla


Nous étions des milliers de lecteurs à avoir été conquis, lors de cette première enquête, par cette intrigue située sur la petite île perdue de Fjällbacka, en Suède.

Le scénario était bien ficelé, les personnages se rencontraient et se mettaient doucement en place. L'année suivante, "Le prédicateur" (2009) était du même tonneau, idem pour "Le tailleur de pierre" (2009).

Puis les personnages ont vieilli, mal, sans relief, sans âme. Notre héroïne Erica Falck, est passée au fil des tomes, du statut de célibataire à celui de mère au foyer dépassée avec trois lardons sur les bras, à jouer tantôt les chaperons pour sa soeur, tantôt la concierge agaçante au commissariat de son mari. Elle tourne en rond entre ses kilos en trop, sa maison de bois et sa Volvo. Divorcé, flic et accessoirement cador de la brigade de Tanumshede (enfin autant que peut l'être un flic dans une ville 10 000 habitants...), Patrick Hedström se retrouve marié à Erica et tend à devenir une baleine à force d'ingurgiter des tartines au poisson trempées dans le Banania. On n'échappe pas non plus à la belle mère donneuse de leçon, pot de colle, mais que l'on appelle sans cesse pour un rien ! Camilla ne nous épargne aucun cliché...

Au fil des six dernières années, ses personnages et ses intrigues se sont enlisés, la magie s'est émoussée. Les histoires se ressemblent toutes. Le propre d'un écrivain est de savoir se renouveler, pas de maîtriser l'art du "CTRL C/ CTRL V" ! Passé le 4ème tome de cette saga, toutes les trames sont semblables, pas besoin d'être devin, les romans sont tous bâtis sur une construction identique à chaque fois (histoire présente, flash-back, histoire présente, flash-back...)

Déjà que l'on ne lit pas les polars de Camilla Läckberg pour le style, alors si le fond part en vrille que reste t-il ? RIEN. NADA.

Lorsque l'on est en peine d'inspiration on ressort les vieilles ficelles les plus éculées. On a droit à quelques nazis semés par ci par là (c'est au tour d'Hermann Göering de sortir du placard cette fois !), on tombe dans le pathos (une trentenaire en phase terminale et maman d'un bébé, deux autres qui ont perdu leur enfant, des femmes battues...) On tire sur tout ce qui bouge ! Seulement, tous ces ingrédients réunis sans cohérence ne font pas un bon livre.

Je suis consciente qu'il doit être difficile de tuer la poule aux oeufs d'or et de voir tarir le filon qui rapporte. Cependant, à force de tirer sur la corde, elle risque de se briser... On ne prend pas indéfiniment ses lecteurs pour des idiots.

Huit romans lus plus tard et la modique somme de 180 € dépensée, depuis "L'enfant allemand", chaque fin de livre est une déception. Ainsi, pour ma part, j'ai décidé d'arrêter de subventionner Camilla Läckberg jusqu'à ce qu'elle cesse de pondre des histoires insipides avec la régularité d'un métronome.

Si son transit intestinal est aussi régulier, elle doit être dans une forme parfaite... C'est idéal pour se (re)mettre TRES sérieusement au travail !
"La faiseuse d'ange" paru en juin 2014


mercredi 23 juillet 2014

"L'invention de nos vies"... Un roman à dévorer !

Découvert sur une table de mon libraire préféré l'an passé, "L'invention de nos vies" de Karine Tuil, m'avait de suite fait de l'oeil. Cependant, comme pour tant d'autres romans il s'était paisiblement posé et endormi durant quelques mois sur mes étagères en attendant d'être lu. Il y a quelques jours, en farfouillant dans ma pile de lectures en attente, je le redécouvre. Là, c'est ton tour, ton heure est arrivée ! Quelques heures de hamac plus tard je referme ce livre à regret.

Ce roman commencé vous ne le lâcherez plus !

Karine Tuil associe à merveille une intrigue finement menée, un style impeccable et des personnages tirés au cordeau. Tout y est juste. Certainement est-ce la raison pour laquelle on ne décroche pas du début à la fin. 500 pages avalées d'une traite. Oups... C'est déjà fini ?

Après tant de compliments (mérités j'insiste !), de quoi parle "L'invention de nos vies" ?

Trois amis, trois trajectoires qui vont se croiser, puis se perdre puis se rejoindre pour le meilleur et le pire.

Sam, Samuel et Nina nouent une amitié amoureuse durant leurs années à l'université. La fac terminée, Nina choisit l'un des deux. L'autre part aux Etats-Unis. Ambitieux, brillant et travailleur Sam va bâtir sa vie sur un mensonge. Cette trahison va lui permettre d'accéder à des cercles, de faire un "beau mariage", de gagner la fortune... jusqu'au jour où son mensonge revient vers lui comme un boomerang.

Alors, c'est tout son univers qui s'écroule...

Roman paru en 2013 aux éditions Grasset

Notons la facilité déconcertante avec laquelle Karine Tuil maîtrise tous les langages. Des paroles empruntées à Orelsan, au langage "fleuri" des banlieues, et de la misère au vocabulaire feutré des hautes sphères, l'auteure domine tous les styles avec un étonnant va et vient entre les différents univers.

"L'invention de nos vies" évoque les parts d'ombre, les mensonges et les secrets de chacun. Nos vies ne seraient-elles pas, en fin de compte, aussi plus ou moins inventées ?

Le proverbe yiddish, cité par le mentor de Sam résume bien à lui seul tout le roman : "Avec le mensonge on peut aller très loin, mais on ne peut jamais en revenir".

C'est incontestablement un grand roman qui ne pourra que vous plaire. "L'invention de nos vies" est dores et déjà paru au format poche... ça tombe bien glissez le dans votre valise !

mardi 8 juillet 2014

Deux livres, deux visions de la jeunesse américaine : "Les débutantes" et "Rien n'est trop beau"

50 années séparent "Les débutantes" de J. Courtney Sullivan de "Rien n'est trop beau" de Rona Jaffe. Ces deux romans d'initiation sont semblables en de nombreux points. Ils offrent, notamment, tous les deux une photographie d'une Amérique tantôt enfermée dans sa pudibonderie tantôt dépassée par ses excès. Ils sont aussi une chronique sociale de leur temps : les années 2010 pour le premier, les années 60 pour le second. Même toile de fond : ils relatent l'entrée dans la vie de jeunes filles, leurs désirs d'émancipation, leur découvertes du féminisme, des difficultés, des relations, des peurs et des renoncements.

Les Etats-Unis 2010 version "Les débutantes"

Quatre amies,  Bree, Celia, April, et Sally se rencontrent lors de leur première année à l'Université de Smith, bien connue pour son engagement et son enseignement féministe. Au long des quatre années qu'elles passent ensemble et des expériences qu'elles partagent, elles vont, en dépit de leurs profondes différences, lier une amitié indéfectible. Diplômées, elles évolueront chacune dans des univers dissemblables. Célia, la célibataire très libre de New-York travaille dans l'édition, April l'ultra-féministe convaincue et engagée avec une ancienne Smithonienne, Bree entame une prometteuse carrière d'avocate et Sally brillante médecin.

Livre paru aux Editions rue Fromentin

Alors qu'elles poursuivent leur vie d'adulte, une fille du clan disparaît... Commence alors la deuxième partie du roman. La plus palpitante à mon sens.

L'auteure observe avec finesse et ironie cette société contemporaine et ses contradictions.

Je le dis, je le prouve !

La famille est le fondement. Nos quatre chipies ne peuvent passer une journée sans contact ma/paternel mais lorsque l'une décide d'embrasser la maternité à 24 ans, les trois autres crient à la damnation ! De même, lorsque Sally rencontre le prince charmant, selon ses critères (gentil, intelligent, attentionné, poli...), les autres crient à l'abomination, au benêt irrécupérable. Pensez-vous il n'a jamais entendu parler (donc encore moins lu) Marcel Proust ! Booouuuuuh le vilain :)

C'est un roman intelligent et pétillant dont les 500 pages se dévorent d'un coup ! Miam !

Plongée dans les années 60... 
Avec "Rien n'est trop beau", nous pénétrons un autre univers !

J'aime le côté désuet de cette histoire, de ces décors, de ces manières et des réflexions qui les accompagnent. Ce livre publié, pour la première fois en 1958, dresse un intéressant portrait d'une société américaine balbutiante. Lors de sa parution il a reçu l'adhésion de millions de lectrices américaines. Rien d'étonnant à cela ! Les personnages collaient exactement aux vies des jeunes femmes d'alors : de jeunes secrétaires venues d'horizons différents employées dans une maison d'édition New-Yorkaise. Leurs rêves et leurs doutes reflétaient ceux de toute une génération.

Il y a la brillante Caroline, dont l'ambition est de quitter la salle des dactylos pour occuper un poste éditorial. Mary-Agnès, une collègue obnubilée par les préparatifs de son mariages et la naïve April, jeune provinciale du Colorado venue à New-York faire carrière dans la chanson.

Toutes les trois, elles vont devoir affronter les conventions de l'époque, se faire une place dans un monde d'homme et évoluer vers l'indépendance.

Livre paru aux éditions Presse de la Cité

Ces deux romans sont récemment parus au format livre de poche. Une bonne raison de les découvrir sans plus attendre...