mercredi 13 août 2014

Petit partage entre amis... visite chez Dostoïevski à Saint-Pétersbourg

C'est à deux pas des métros Vladimirskaya et Dostoïevskaya que se trouve l'appartement où Fiodor Dostoïevski a passé les dernières années de sa vie, de 1878 jusqu'à sa mort, en 1881. Le modeste logement (l'écrivain a toujours été dans des situations économiques inconfortables), reflète bien le mode de vie d'alors, présente quelques objets personnels et propose à l'étage des expositions temporaires ayant rapport avec la vie et l'oeuvre de l'auteur.

Pendant le régime soviétique, les pièces furent aménagées en appartement communautaire. L'appartement avait donc subi de nombreuses adaptations ! C'est à la fin des années 60, qu'il fût restauré, selon les écrits et témoignages retrouvés.

Une fois n'est pas coutume, je vous propose une rapide visite du musée-appartement de l'inoubliable auteur, entre autres, de "Crime et châtiment", "L'Idiot", "Les Frères Karamazov"... Fiodor Dostoïevski.
Portrait de Fiodor Dostoïevski. 


De la fenêtre de son cabinet de travail,
l'écrivain pouvait voit l'église orthodoxe
Notre-Dame-de-Vladimir. Il louait toujours
des endroits avec vue sur un clocher !

L'entrée du dernier lieu où il vécut est à
Kouznetchny per 5/2, dans le centre historique.
C'est à présent un musée dédié à son oeuvre. 

Entrée où l'on retrouve son chapeau.
Vestige conservé sous cloche !

Cabinet de toilette. Simple et rudimentaire.

Bureau sur lequel Dostoïevski a écrit
"Les Frères Karamazov". Il travaillait de 23 h à l'aube.

Bureau de sa femme, Anna Grigorievna, qui recopiait,
éditait et vendait tous ses livres.


La salle à manger,

et le salon.

La salle de jeux de ses enfants.

La poupée achetée pour sa fille Sophie, morte à 3 mois.



Boîte à tabac

Il reste peu d'objets personnels de Fiodor hormis, son chapeau noir et cette émouvante boîte à tabac (qu'il fumait comme un pompier surtout en écrivant).

Le jour de son décès, sa fille griffonna dessus en souvenir : "Aujourd'hui, papa est mort".
Si vous voulez en connaître un peu plus sur la vie de cet auteur exceptionnel, je vous invite à lire un très beau texte publié sur la République des Lettres, c'est ici.

vendredi 8 août 2014

C'est la saison des mariages... lisez "Combien veux-tu m'épouser ?"

Saphia Azzeddine dresse, avec son roman "Combien veux-tu m'épouser", l'esquisse d'une société gavée d'argent, de réussite, d'égoïsme, d'égocentrisme... et de tous les "ismes" de la même veine ! Ce pourrait être fort ennuyeux tant le sujet semble avoir été traité dans tous les sens avec plus ou moins de bonheur.

"Combien veux-tu m'épouser", édité chez Grassetest un roman, mais c'est avant tout une chronique sociale, un portrait acide d'une certaine "upper class", d'un monde grouillant de pleurnichards qui visitent plus souvent leur chirurgien esthétique que leur boucher. Saphia Azzeddine excelle dans l'art de poser le doigt là où ça fait mal. Elle est aussi l'auteure, entre autres, de "Mon père est femme de ménage" (2009), et de  "La Mecque-Phuket" (2010)

Roman paru aux éditions Grasset en 2013

Le choix du titre est habile. Il décrit à lui seul la trame du livre. Tatiana, "bécasse sentimentale" est en vacances sur une île privée des Seychelles où elle rencontre Philip, jeune homme qui a tout pour plaire, sauf... ses origines. "Je suis anglais et libanais, mais parents étaient concierges dans un immeuble cossu de Hyde Park. A force d'errer dans les beaux quartiers, j'ai eu envie de m'y installer". (page 85)

Ils sont beaux, jeunes, riches, ils s'aiment et décident de se marier... Joli conte de fée que les griffes acérées de Saphia vont venir quelque peu réduire en bouillie !

Pour mener à bien son entreprise de démolition l'auteure va faire parler tour à tour les protagonistes. Tatiana, Philip, la mère Létizia (qui vient des dépendances tout comme son futur gendre), le père (capitaine d'industrie de biotechnologies), la soeur Anastassia (finalement la plus nette), la meilleure amie Candice (agrippée comme une tique, normal puisque fauchée !) et Farida la bonne dévouée à "Madame Tatiana".

Si à première vue, les personnages semblent échapper au monde terrestre, ils n'en sont pas moins terriblement réalistes pour autant.

Ainsi, Farida, ne nourrit aucune illusion à l'égard de Tatiana "Madame Tatiana agissait, quand j'étais là, comme si je n'existais pas. Elle ne modifiait rien dans son comportement, ne censurait pas ses paroles, et plutôt que de m'amuser, j'y lisais un terrible mépris et une profonde mésestime. D'autres, plus naïves, pourraient y voir le signe d'une confiance aveugle de leur patronne, mais il ne s'agissait pas de ça. Madame Tatiana me niait toute existence sociale". (page 108)

Le père, a lui aussi une vision bien personnelle des femmes et de leur rôle. "Les femmes ont déserté leurs foyers avec une facilité déconcertante et peu louable pour aller s'agiter derrière des écrans d'ordinateur. Comme si elles y comprenaient quelque chose. Elles auraient mieux fait de verrouiller leurs claviers plutôt que leurs ovaires et ne pas laisser leurs progénitures partir à la dérive comme autant de clandestins sur des bouées crevées".

Il poursuit fataliste, "Il n'y a rien de plus abject qu'une bourgeoise qui dans la singerie de l'indignation, trouve une posture confortable mais qui, passé un certain âge, revient à des goûts plus classiques, voire traditionnels en courant les médecins et les fécondations in vitro. Je ne veux pas que ma fille soit ce genre de femme là". (page 49)

J'ai beaucoup apprécié le ton féroce du roman et la satire drôle et cruelle à la fois. Je vous conseille d'emmener ce livre avec vous, que ce soit sur votre île privée des Seychelles, ou à Paris Plage ;)