mercredi 29 octobre 2014

"Meurtres en majuscules" signe le retour d'Hercule Poirot

Les fans d'Agatha Christie (dont je fais partie) ne peuvent résister à l'envie de se jeter sur "Meurtres en majuscules", paru en août 2014 aux Editions du Masque. Il ne s'agit pas d'un manuscrit secret de la célèbre romancière, mais du dernier roman à énigmes de Sophie Hannah.

En effet, la gageure de ressusciter Hercule Poirot a été confiée à cette auteure britannique. C'est d'ailleurs, la première fois que les héritiers de la reine du crime donnent carte blanche à un auteur pour redonner vie au détective belge. Dans le genre "mission impossible", on fait guère mieux... Le genre de gué-apens dans lequel on trébuche, voire on s'écrase lourdement, tant l'exercice est périlleux. C'est juste l'angle dans lequel il ne faut pas être, car tout le monde vous attend gentiment au tournant.

Alors, j'ai tenté d'aborder la lecture de "Meurtres en majuscules" sans idées préconçues et surtout pas avec un fataliste "bah, c'était mieux avant !"

Sophie Hannah, qui a déjà écrit huit thrillers psychologiques, n'est pas une débutante, et n'en est donc pas à son coup d'essai. Il n'en demeure pas moins que pour oser s'emparer des personnages d'Agatha sans risquer de les singer trop crûment il ne faut pas trembler dans ses chaussons !

Alors, de quoi parle "Meurtres en majuscules" ? Fatigué, Hercule Poirot compte bien prendre des vacances pour reposer, non pas ses pieds endoloris, mais bien ses petites cellules grises. Séjournant à Londres dans la même pension de famille que son ami Catchpool, jeune inspecteur à Scotland Yard, il se retrouve happé par une bien sombre affaire.

Trois personnes sont retrouvées assassinées dans trois chambres différentes de l'hôtel Bloxham. Les cadavres, deux femmes et un homme, ont été scrupuleusement allongés de manière identique. Dans la bouche de chacune des victimes, on retrouve un bouton de manchette en or, gravé des initiales PIJ.
Livre paru aux éditions du Masque


L'origine du drame conduit nos deux compères dans le village de Great Holling, dans le Devon (naturellement), où la malfaisance, les médisances et autres joyeusetés de la même veine ont le beau rôle...

Pour ce qui est de l'intrigue, elle est alambiquée (très, très), tordue (beaucoup), mais surtout l'énigme est fort bien construite. Sophie Hannah retombe habilement sur ses pieds. Notez bien : c'est un livre à lire à jeun, les yeux grands ouverts et avec l'attention en éveille au risque de vite perdre le fil (surtout à la fin lors du dénouement).

Les inconditionnels d'Agatha Christie retrouveront toutes les mimiques et les traits du caractère, disons-le, parfois insupportable de Poirot. Parmi lesquels une suffisance indécrottable et un manque total d'autodérision... qui font d'ailleurs tout son charme. N'oublions pas ses qualités, telles que l'attention qu'il prête aux petites gens, son sens de la justice et ses capacités légendaires de déduction. Du 100 % Poirot quoi !

Étonnement, plonger dans "Meurtres en majuscules" m'a surtout collé une furieuse envie de découvrir la romancière Agatha Christie, un personnage sûrement fascinant... Je vais m'enquérir de ce pas des livres parus sur le cas Agatha. Affaire à suivre...

vendredi 17 octobre 2014

Ces livres qui invitent au voyage...

Qu'elles soient passées ou futures, les vacances sont toujours un bon sujet d'actualité... et c'est tant mieux ! Passées, elles peuvent être synonyme de souvenirs inoubliables et de rencontres. Futures, elles sont l'espérance de vivre de bons moments, de goûter au farniente, de faire des découvertes, de profiter pleinement de son temps, de se sentir libre...

Nous aimerions tous immortalisés nos plus belles vacances. Nombreux sont celles et ceux qui réalisent des carnets de voyages. Au fil de mes pérégrinations, j'ai débusqué et sélectionné deux livres que je vous invite à découvrir sur le sujet : "L'Art du croquis urbain" de Gabriel Campanario et "Carnets de voyages" de Cécile Filliette. 

Livre paru aux éditions Eyrolles en 2011

Commençons par la première pépite (mon livre préféré à vrai dire...) "L'Art du croquis urbain", paru aux éditions Eyrolles, du journaliste et illustrateur espagnol Gabriel Campanario.

Cet ouvrage se situe entre le livre d'art et le livre pratique. Et si croquer était un remède contre l'anxiété ? "C'est seulement en m'installant à Seattle en 2006 que j'ai découvert le moyen de surmonter l'anxiété que m'inspire une terre nouvelle : je me suis mis à dessiner, sur un carnet de croquis, ce qui m'entourait". Evidemment tous les angoissés n'ont pas forcément le coup de crayon de Gabriel Campanario !

Si l'aventure vous tente de devenir un vrai Urban Sketchers, laissez-vous gagner par les conseils et les balades proposés par l'auteur.

La première partie du livre met bien en évidence la philosophie des dessinateurs urbains : le partage. Pour preuve, deux points de la charte de l'Urban Sketcher met l'accent sur cet impératif : "Nous nous soutenons, aidons, et encourageons les uns les autres et nous dessinons en groupe" et "Nous partageons nos dessins en ligne".


La deuxième partie du livre est consacrée à la présentation des plus célèbres mégapoles réparties sur les cinq continents comme Londres ou Séoul mais aussi à des villes plus modestes telles que Kandern en Allemagne, Davis en Californie. Pour chaque ville l'artiste explique le contexte, la technique, ses astuces et son ressenti.

On termine par un thème difficile : l'inspiration ! Où la trouver ? Comment l'appréhender ? Coment la mettre en scène ? Tous les lieux sont passés au crible : les toits, les paysages, les panoramas urbains, les bâtiments, l'architecture, les zones industrielles, les chantiers, les transports, les personnages en mouvement, les parcs, les musées... L'architecte belge Gérard Michel a passé plus de trente heures sur un toit pour dessiner une vue saisissante de la ville de Liège sur 360 degrés !

Quelques exemples...

de croquis extraits du livre.

Si vous souhaitez en apprendre davantage sur la communauté des dessinateurs urbains, c'est ici.

"Carnets de voyages" de Cécile Filliette, paru chez Dessain et Tolra, est un livre pratique. Il vous apprend à composer votre carnet de voyage, concevoir les différentes pages, sélectionner les matériels (papiers, encres, peintures...) Vous pouvez dessiner, certes, mais aussi intégrer des matières, coller, plier, détourner, calligraphier. C'est une vraie bible, bourrée d'idées, pour les novices !

Couverture du livre de Cécile Filliette

Un exemple de pages réalisées à l'aquarelle


De retour de périple, peut-être aurez-vous la chance de vous voir offrir un superbe album photo par vos compagnons de voyage... C'est aussi une solution à envisager lorsque l'on est pas doué de ses mimines. ;)

Merci Patu pour ce beau souvenir !


samedi 11 octobre 2014

"Devenir soi" ou les bons préceptes de Monsieur Attali

Après avoir été conseiller spécial auprès de François Mitterrand, Jacques Attali se fait gourou du bien-être. Mieux, dans son dernier livre "Devenir soi", il propose ni plus ni moins que de vous aider à accomplir pleinement votre vie en devenant vous-même. Tentant n'est-ce pas ? Difficile de rester insensible à telle invitation. Alors, s'il ne tient qu'à lire et appliquer les commandements divulgués dans "Devenir soi", essayons...

Livre paru aux Editions Fayard

Dans les 187 pages que compte cet ouvrage, qu'apprend t-on au juste ? Un petit conseil au préalable : les lignes qui suivent ne seront pas des plus réjouissantes. Mettez les barbituriques sous clé, fermez vos fenêtres et bouclez le gaz. Vous échapperez peut-être ainsi à l'envie d'en finir. Ce serait d'autant plus dommage que je perdrais un lecteur :-(

Dans le premier chapitre, Jacques Attali dresse un avenir apocalyptique du monde pris dans une "irrésistible ascension du Mal". Le Mal symbolise les maux qui frappent partout sur la planète. La violence au Proche-Orient, en Ukraine, en Afrique subsaharienne... Le chômage qui touche tous les pays d'Europe sans beaucoup de perspectives de s'en sortir et qui engendre des inégalités croissantes. La démographie qui continue d'exploser. Les évolutions technologiques spectaculaires mais qui, selon toute vraisemblance, n'amélioreront pas la vie des gens. Il est vrai que la robotisation des usines et le big data ne vont pas arranger nos vies ! Les problèmes climatiques s'accentueront provoquant des catastrophes naturelles, des sécheresses, des terres incultivables... Le vieillissement des populations entraînera des maladies du troisième et du quatrième âge face auxquelles les Etats ne pourront rien.

Après la lecture de ces pages, on a bien compris que l'avenir qui s'annonce n'est pas rose... Dans le chapitre suivant l'auteur invente une autre idée, celle de la "somalisation" du monde.

Partant du principe que les gouvernements des nations seront impuissants face à la montée inexorable du Mal. Les gouvernants n'ont plus de pouvoir (des G7, G8, G20 inutiles, aucune puissance internationale n'est capable d'assurer la paix...), la corruption et la criminalité règnent partout. Face à ce vide laissé par les dirigeants politiques des Etats et des institutions internationales, ce sont les entreprises qui prendront le pouvoir sur les gens. Le monde ressemblera à ce que fut la Somalie au début des années 90, lorsque ses dirigeants se sont exilés au Kenya laissant le pouvoir aux mafieux, terroristes et autres religieux. Jacques Attali conclue par "Il n'y aura alors non seulement plus de pilote dans l'avion, mais même plus de cabine de pilotage !" (page 29) Cela démontre que même en prédisant les desseins les plus sombres, on peut avoir de l'humour !

Le troisième chapitre de cette première partie fait apparaître une catégorie peu reluisante celle des "résignés-réclamants"**. Ce sont les citoyens qui attendent tout du pouvoir, qui sont fatalistes et se satisfont (en conscience ou pas) du système dans lequel ils évoluent, ceux qui se placent sous différentes autorités qu'elles soient politiques, religieuses...

Toujours en vie ? Je vous fais grâce des cent pages suivantes. Litanie inutile et verbiage soporifique à mon sens. Jacques Attali égraine une longue, longue... liste d'exemples d'artistes, d'entrepreneurs privés, d'entrepreneurs positifs, de militants qui ont su échapper à un destin tout tracé, qui ne se sont pas résignés, eux. Oust !

Passons directement aux pages qui nous intéressent vraiment. Celles pour lesquelles les lecteurs vont se décider (ou pas) à dépenser 14,50 €. Celles qui vont nous révéler (ou pas) comment "devenir soi".

Pour vous accomplir enfin, vous libérez de vos chaînes et vivre totalement votre destin, voici les 5 étapes à suivre :
Jacques Attali

  1. Prendre conscience de son aliénation. Comprendre les contraintes imposées à sa vie par la condition humaine, par les circonstances et par les autres.
  2. Se respecter et se faire respecter ; réaliser qu'on a droit à une belle et bonne vie, à du beau et du bon temps.
  3. Admettre sa solitude ; ne rien attendre des autres, même de ceux qu'on aime ou qui nous aiment ; et, grâce aux étapes précédentes, la vivre comme une source de bonheur.
  4. Prendre conscience que sa vie est unique, que nul n'est condamné à la médiocrité, que chacun a des dons spécifique. Et qu'on peut même, au cours de sa vie, en mener plusieurs, simultanément ou successivement.
  5. Se trouver, se choisir... On est alors enfin à même de se trouver, se choisir pour prendre le pouvoir sur sa vie. (page 156)
En résumé : il ne faut rien attendre de personne, ne jamais se résigner, combattre tous les déterminismes et tout mettre en oeuvre pour vivre pleinement la vie que tout à chacun rêve.

Comme a su si joliment l'écrire Antoine de Saint-Exupéry, "fais de ta vie un rêve, et d'un rêve une réalité". C'est ce que je vous souhaite à toutes et à tous.


** Si vous vous sentez appartenir à cette catégorie, pas de panique, je pense que nous sommes quelques uns ! N'oubliez pas : le but de "Devenir soi" est  (uniquement) de vous amener à prendre conscience de votre état et à vouloir en changer.