mardi 25 décembre 2012

"Bruges-la-Morte" : un livre à ressusciter !

Par ce temps pluvieux et gris, je me suis plongée dans la lecture de "Bruges-la-Morte" de Georges Rodenbach, paru chez le pure-player Belge, ONLIT EDITIONS.


Hugues Viane, veuf inconsolable, s'est retiré à Bruges pour y vivre un deuil inconsolable. Au cours d'une promenade il aperçoit, Jane, jeune danseuse, ressemblant trait pour trait (du moins en apparence) à son épouse décédée. Décidé, coûte que coûte, à faire revivre au travers de cette femme, celle qu'il ne peut oublier, chérissant ses reliques, conservant amoureusement chaque trace, il va nouer avec Jane une relation qui aboutira à un bien sombre dessein.

Ce livre nous entraîne dans la Bruges du XIXe siècle, au fil de ses canaux, de ses monuments, de ses conventions religieuses et bourgeoises. Une atmosphère empreinte de mélancolie, de poésie et de classicisme.

Le narrateur entretient sans cesse un jeu entre la morte et ses déambulations dans Bruges.

"... Hugues se sentit plus troublé encore. Depuis, la mort de sa femme, il n'avait entendu aucune musique. Il avait peur du chant des instruments. Même un accordéon dans les rues, avec son petit concert asthmatique et acidulé, lui tirait des larmes. Et aussi les orgues, à Notre-Dame et à Sainte-Walburge, le dimanche quand ils semblaient draper par-dessus les fidèles des velours noirs et des catafalques de sons."

"... La bonne matinée ! Et comme elle allait d'un pas allègre, dans le soleil clair, émue d'un cri d'oiseau, de l'odeur des jeunes pousses en ce faubourg déjà rustique où verdoient les sites choisis du Minnewater - le lac d'amour, a-t-on traduit, mais mieux encore : l'eau où l'on aime !..."

Eglise de Sainte-Walburge
Lac du Minnewater
L'histoire se dénoue, le jour de la procession du Saint-Sang.


"... La procession défilerait au quai du Rosaire, sous les fenêtres du Hugues. Jane n'avait jamais assisté au célèbre cortège et s'en montra curieuse..."


Quai du Rosaire
Jane s'invite quai du Rosaire, chez Hugues, impatiente d'évaluer sa fortune. Elle découvre alors l'intérieur resté  en l'état et agrippe une natte de cheveux blonds posés sous une cloche de verre. Elle s'en empare...

"... Hugues qui l'épiait, avec un malaise de la voir circuler là, éprouva soudain une vive souffrance de la plaisanterie inconsciemment cruelle, de l'atroce badinage qui effleurait la sainteté de la morte..."

"... Il avait saisi la chevelure que Jane tenait toujours enroulée à son cou, il voulut la reprendre !  Et farouche, hagard, il tira, serra autour du cou la tresse qui, tendue, était roide comme un câble.
Jane ne riait plus ; elle avait poussé un petit cri, un soupir, comme le souffle d'une bulle expirée à fleur d'eau. Etranglée, elle tomba."

Je vous souhaite de passer un aussi joli moment que moi avec "Bruges-la-Morte" ! C'est à la fois un texte d'une poésie délicate et une balade enchanteresse dans la Bruges du XIXe siècle...

Pour avoir toutes les infos sur les formats à télécharger, c'est ici !

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