mardi 8 juillet 2014

Deux livres, deux visions de la jeunesse américaine : "Les débutantes" et "Rien n'est trop beau"

50 années séparent "Les débutantes" de J. Courtney Sullivan de "Rien n'est trop beau" de Rona Jaffe. Ces deux romans d'initiation sont semblables en de nombreux points. Ils offrent, notamment, tous les deux une photographie d'une Amérique tantôt enfermée dans sa pudibonderie tantôt dépassée par ses excès. Ils sont aussi une chronique sociale de leur temps : les années 2010 pour le premier, les années 60 pour le second. Même toile de fond : ils relatent l'entrée dans la vie de jeunes filles, leurs désirs d'émancipation, leur découvertes du féminisme, des difficultés, des relations, des peurs et des renoncements.

Les Etats-Unis 2010 version "Les débutantes"

Quatre amies,  Bree, Celia, April, et Sally se rencontrent lors de leur première année à l'Université de Smith, bien connue pour son engagement et son enseignement féministe. Au long des quatre années qu'elles passent ensemble et des expériences qu'elles partagent, elles vont, en dépit de leurs profondes différences, lier une amitié indéfectible. Diplômées, elles évolueront chacune dans des univers dissemblables. Célia, la célibataire très libre de New-York travaille dans l'édition, April l'ultra-féministe convaincue et engagée avec une ancienne Smithonienne, Bree entame une prometteuse carrière d'avocate et Sally brillante médecin.

Livre paru aux Editions rue Fromentin

Alors qu'elles poursuivent leur vie d'adulte, une fille du clan disparaît... Commence alors la deuxième partie du roman. La plus palpitante à mon sens.

L'auteure observe avec finesse et ironie cette société contemporaine et ses contradictions.

Je le dis, je le prouve !

La famille est le fondement. Nos quatre chipies ne peuvent passer une journée sans contact ma/paternel mais lorsque l'une décide d'embrasser la maternité à 24 ans, les trois autres crient à la damnation ! De même, lorsque Sally rencontre le prince charmant, selon ses critères (gentil, intelligent, attentionné, poli...), les autres crient à l'abomination, au benêt irrécupérable. Pensez-vous il n'a jamais entendu parler (donc encore moins lu) Marcel Proust ! Booouuuuuh le vilain :)

C'est un roman intelligent et pétillant dont les 500 pages se dévorent d'un coup ! Miam !

Plongée dans les années 60... 
Avec "Rien n'est trop beau", nous pénétrons un autre univers !

J'aime le côté désuet de cette histoire, de ces décors, de ces manières et des réflexions qui les accompagnent. Ce livre publié, pour la première fois en 1958, dresse un intéressant portrait d'une société américaine balbutiante. Lors de sa parution il a reçu l'adhésion de millions de lectrices américaines. Rien d'étonnant à cela ! Les personnages collaient exactement aux vies des jeunes femmes d'alors : de jeunes secrétaires venues d'horizons différents employées dans une maison d'édition New-Yorkaise. Leurs rêves et leurs doutes reflétaient ceux de toute une génération.

Il y a la brillante Caroline, dont l'ambition est de quitter la salle des dactylos pour occuper un poste éditorial. Mary-Agnès, une collègue obnubilée par les préparatifs de son mariages et la naïve April, jeune provinciale du Colorado venue à New-York faire carrière dans la chanson.

Toutes les trois, elles vont devoir affronter les conventions de l'époque, se faire une place dans un monde d'homme et évoluer vers l'indépendance.

Livre paru aux éditions Presse de la Cité

Ces deux romans sont récemment parus au format livre de poche. Une bonne raison de les découvrir sans plus attendre...

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