dimanche 1 mars 2015

Elizabeth Goudge pour renouer avec la littérature Victorienne

Il est toujours triste de refermer un livre qu'on a aimé. C'est un peu comme perdre un ami. On sait qu'il était là, qu'on était bien avec lui, qu'un moment passé en sa compagnie était agréable. A présent il va falloir continuer sans lui... "La Colline aux Gentianes" d'Elizabeth Goudge laisse ce goût amer de FIN. Si vous comptez Emily Brontë, Thomas Hardy ou encore Wilkie Collins parmi vos auteurs favoris, vous allez adorer Elizabeth Goudge.

Cette romancière anglaise du XXème, quelque peu méconnue, me semble t-il, écrit dans un pur style Victorien. "La Colline aux Gentianes" est un récit romanesque, religieux et mystique sur fond de guerres napoléoniennes, qui raconte la légende de la chapelle Saint-Michel, à Torquay.

Livre paru aux éditions Phébus, collection Libretto n°266

Construite au XIIIème siècle, elle a subsisté jusqu'à une époque récente. Au début du XIXème siècle, tout bateau jetant l'ancre à Torquay avec un équipage catholique devait y organiser un pèlerinage.

Anthony Louis Marie O'Connell, jeune noble de quinze ans engagé comme midship sur un navire de la marine britannique, déserte pour échapper à la peur et à la dureté de sa condition. C'est sur la colline aux gentianes, butte surmontée d'une chapelle au-dessus du port de Torquay, où les marins se rendent, que le garçon rencontrera Stella âgée de douze ans, fille adoptive d'un couple de fermiers. Stella et Zachary se lient d'amitié. Afin de garder l'anonymat, il lui donne un faux nom. "Comme tous les enfants, elle attachait aux noms une grande importance : le nom de baptême vous met en rapport avec Dieu et le nom patronymique avec votre père. Quand on possède ces deux noms, on a sa place dans le monde et l'on peut marcher en sécurité, bien encadré à droite et à gauche. Si l'on n'en a qu'un, on a subi une sorte d'amputation". (page 68)

Les deux enfants rêvent d'une autre vie et d'autres contrées...
En ces périodes de guerres et de Terreur, les personnages d'Elizabeth Goudge ne cèdent pas à la noirceur. Le docteur Crane est un des personnages central du roman. Il enseigne les sciences, la littérature, la philosophie à Stella qui en dresse un portrait : "Quand il était assis, sa tête massive et ses larges épaules donnaient à croire que sa taille dépassait de beaucoup la moyenne, mais quand il se levait, on s'apercevait qu'il était très petit ; il avait les jambes torses et était un peu bossu. Dans son jeune temps, il avait dû être d'une laideur grotesque, mais, à son âge, ses infirmités même ajoutaient à l'effet qu'il produisait ; elles renforçaient l'expression de grandeur qu'il portait sur son visage et qui exprimait la victoire remportée contre vents et marées". (page 87)

Un physique peu amène complété par, un caractère bien trempé : "Par un singulier paradoxe, le vieux docteur aimait avec une égale passion deux choses opposées : l'idéal et son contraire, la santé parfaite et la pire maladie. Mais quant aux gens prudents, qui s'abstiennent de sauter de peur de tomber, qui ferment leurs fenêtres au vent du large et verrouillent leur esprit, leur coeur et leur bourse contre les timides approches de la vérité et de la pitié, quant aux gens superficiels, papelards et égoïstes, il leur témoignait un mépris si écrasant que bien peu d'entre eux le faisaient appeler deux fois à leur chevet". (page 84)
"La Colline aux Gentianes" est un livre magique et hors du tempsElizabeth Goudge est portée par la Bonté Divine ; elle tutoie les étoiles. Ses scènes sont comparables à des tableaux de maîtres. Elle mêle divinement alchimie, légende, grandeur et nature.

La quatrième de couverture d'un livre est toujours flatteuse mais pas toujours vraie. Ici, il est précisé que "La Colline aux Gentianes" "se situe dans le droit fil des Hauts de Hurlevent". Après lecture, je peux vous assurer que cette comparaison est tout à fait justifiée.
Elizabeth Goudge*

*La photographie est extraite d'un site qui présente une biographie de l'auteure.

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