jeudi 16 mai 2013

Trois livres pour découvrir l'Erythrée et Asmara

Il existe des pays qui incitent plus à la rêverie que d'autres. Ceux qui ont su garder les stigmates du passé offrent des traits d'union précieux entre le passé et le présent. Asmara, capitale de l'Erythrée, en est un bon exemple.

L'Erythrée est cette petite langue de sable qui borde la mer Rouge, située au nord du Soudan, au sud de l'Ethiopie peuplée par un peu plus de six millions d'âmes. Ce petit pays est fascinant. Il garde l'empreinte laissée par les années de colonisation italienne. L'horloge s'est arrêtée... L'architecture y est encore remarquablement bien conservée.

J'invite tous les mordus d'architecture, à se procurer (je sais, ce sera difficile car ce livre se fait rare), "Asmara, Africa's secret modernist city", paru en 2003, aux éditions Merrell. C'est un ouvrage vraiment fabuleux, extrêmement bien documenté ! Il explique les racines Erythréennes, raconte l'histoire d'Asmara de 1889 à 2002 et détaille l'architecture de de 1889 à 1991 : les différentes influences architecturales, les architectes qui ont été à l'origine de la "re-création" de la ville, les plans des quartiers, des bâtiments publics, privés et des photos à foison.

Couverture, livre paru uniquement en anglais
Quatrième de couverture.
Je ne résiste pas à l'envie de partager avec vous quelques unes de ces photos qui vous donneront une petite idée de ce livre exceptionnel. La qualité (des photos) laisse à désirer...

Bâtiment du Ministère du Tourisme en 1935...

et aujourd'hui.

Station service Agip de 1937

Cinéma Impero de Mario Messina, de 1937

Bon, ça c'était le côté "carte postale". Il est difficile de pénétrer cette contrée tenue d'une main de fer, depuis une vingtaine d'années, par Issaias Afeworki. Comment décrire le monsieur ? Il a été le meneur de l'indépendance, le libérateur puis il s'est laissé gagner par le virus de la dictature (comme beaucoup d'autres de ses "confrères"...).


Couverture du livre, paru en 2012

Pour bien comprendre le contexte politique, économique et social de L'Erythrée, lisez "Les Erythréens", livre paru chez Rivages de Léonard Vincent, journaliste qui s'intéresse beaucoup à cette partie de la Corne de l'Afrique.

Ce livre est écrit comme un roman, c'est un reportage sur un pays meurtri (la liberté de la presse y est interdite depuis 2001) face à son histoire. L'auteur y décrit la souffrance de ce peuple, les rencontres avec les réfugiés clandestins, les émigrés partis vers les Etats-Unis, le Canada ou la Suède laissant leur famille sous le joug de la police.

C'est un livre témoignage bien écrit, intéressant et enrichissant.

Léonard Vincent suit un blog (à ne pas manquer) sur l'Erythrée. A consulter ICI.

Autre vision de l'Afrique, celle de Jean-Christophe Rufin. Ce roman, paru chez Gallimard en 1999, a été couronné par le prix Interallié sous le titre "Les causes perdues".
Avec "Asmara et les causes perdues", Jean-Christophe Rufin, dresse un portrait sans concession de l'engagement humanitaire. "Asmara, ancienne capitale coloniale italienne dresse encore sur le sol d'Afrique ses palais romains, ses villas toscanes et ses colonnades vénitiennes. C'est dans ce décor baroque et nostalgique, isolé du monde par trente ans de guerre civile, que débarque, en 1985, un groupe d'humanitaires français, venus porter secours aux victimes d'une invisible famine qui fait rage quelque part, loin sur les hauts plateaux arides qui entourent la ville."

Hilarion Grigorian, le narrateur de l'histoire est un  vieil homme originaire d'Arménie et habitant Asmara depuis très longtemps. Jour après jour, il suit les événements qui se déroulent autour et au sein de la mission, grâce à son employé Kidane qui joue le rôle de rapporteur et s'immisce dans la vie personnelle de Grégoire, le responsable des opérations humanitaires, d'Esther, aimée de ce dernier, ainsi que des autres membres de l'équipe. Querelles internes, passions intimes, manipulations politiques, rien ne lui échappe...
Au format poche, Folio n° 3492


Avec ces trois livres très différents, j'espère vous avoir donné envie d'en connaître un peu plus sur ce pays et cette capitale. Peut-être même d'y aller faire un tour ! D'ailleurs, je vous ai trouvé un petit hôtel...

Selam Hôtel, Via Oriani, rebaptisée Maryam Gmbi Street, depuis l'indépendance... ou la dictature.
et sa salle à manger, années 30' pur-jus
Bon voyage !