dimanche 19 juillet 2015

"Academy Street" : la pépite de mon été

Ces derniers temps j'ai beaucoup lu et pourtant peu partagé... Je vais tenter les semaines à venir d'être plus assidue à la tâche et de me ressaisir ! Une amie m'a offert un roman formidable dont on a peu, voire pas du tout, parlé dans les médias : "Academy Street" de Mary Costello aux éditions du Seuil.
Roman paru en 2014 aux éditions du Seuil

L'histoire débute en Irlande dans les années 40. Tess a sept ans lorsque sa mère meurt de la tuberculose. Cette perte va plonger la petite fille dans le silence (elle demeurera des mois sans parler) et fera naître en elle une profonde solitude qui la poursuivra toute sa vie. Adolescente, Tess quitte le domaine familiale d'Easterfield et part à Dublin afin d'y poursuivre des études d'infirmière. Suivant la vague d'immigration, Claire, sa soeur aînée s'exile aux Etats-Unis pour y tenter sa chance. Celle-ci propose à Tess de la rejoindre à New-York. Elle gagne alors la vaste métropole. Tess va se retrouver prise entre le tourbillon des années 60 et sa timidité maladive.
Puis, elle rencontre David, "Elle se rappelait le moindre mot, se sentait tour à tour exaltée et désespérée. Elle n'avait jamais vécu aussi intensément. Le soir, assise devant le miroir de sa coiffeuse, elle le sentait approcher, s'insinuer en elle, distillant en son coeur une angoisse froide et chancelante, et par ricochet une léthargie qui tardait à s'estomper. Le seul remède, ce serait de le voir". (page 89) Tess enceinte se retrouve seule. "Elle restait allongée les yeux ouverts, des traces de sel séché sur les joues. Elle avait entretenu l'espoir à des limites presque intolérables. Il était parti. La félicité, le bonheur étaient partis avec lui et elle se retrouvait livrée à elle-même". (page 99)

Rejetée par son père et ses soeurs englués dans leur morale, Tess élève son fils seule et consacre son temps à ses malades.
"Il y a, chez certains d'entre nous, une solitude fondamentale... elle est en vous".
Elle détourna le regard. Ils restèrent longtemps silencieux. "Vous savez quoi ?" dit-il alors. Il fixait un point au bout du lit. "Je pourrais faire tenir ma vie entière sur une page. Tout écrite sur une seule page." Il se retourna, planta ses yeux dans les siens. "Et je suis stupéfait que ce soit fini et de me trouver là, au bout du compte." (page 126).

"Academy Street" est une pure merveille. C'est un livre envoûtant d'une simplicité et d'une qualité littéraire rares. Exigeants lecteurs comme vous êtes, je suis persuadée que vous l'adorerez.