mardi 25 novembre 2014

Avec Bibliothèques Sans Frontières, débarrassez-vous de vos livres en faisant une BONNE ACTION

La rentrée littéraire est passée laissant des kilos de papier stockés sur vos étagères qui débordent dangereusement. Noël arrive et vous allez encore crouler sous les livres... Le moment est peut-être venu d'entreprendre un petit régime minceur, une diète salutaire voire de recourir à une sévère "liposuccion livresque" pour les cas les plus désespérés... Je vais vous y aider moi, à perdre tous ces abominables kilos de papier !

Et pour cela, je ne vais rien vous vendre ! En fait, vous allez juste vous libérer en faisant une bonne action avec Bibliothèques Sans Frontières. C'est la principale ONG qui vient en appui aux bibliothèques dans le monde francophone. Vous comprenez que vos livres seront les bienvenus !


Bibliothèques Sans Frontières collecte chaque année près de 100 000 ouvrages auprès de bibliothèques, d’institutions et d’entreprises. Mais pour permettre à BSF de proposer à ses bibliothèques partenaires un choix de livres aussi large que possible, BSF récupère aussi les livres des particuliers comme vous et moi. L'organisation a mis en place le projet « Aux livres citoyens ! » afin d’établir un maillage de boites de collecte de livres, en partenariat avec la Mairie de Paris et les mairies d'arrondissement.

Si vous souhaitez faire don de vos livres et les voir rejoindre les bibliothèques du monde entier (Europe, Afrique, Asie...), suivez le mode d'emploi ci-dessous. C'est très simple ! Tout tous les cas ont été prévus.

Si vous êtes à Paris ou en proche banlieue, vous pouvez déposer vos livres dans les points de collecte. La liste est ici.
Si vous habitez hors région parisienne, adressez un email ou appelez le 01.43.25.75.61 (de 10h à 17h du lundi au vendredi), pour connaître la date de la prochaine collecte nationale de Bibliothèques Sans Frontières.

Pour ces deux options, avant de déposer vos livres dans un lieu de collecte choisi, remplissez ce formulaire en ligne, afin d'enregistrer votre dépôt.

Le service "plus-plus"
Si vous êtes en région parisienne hors départements 77, 91 et 95, les équipes logistiques de BSF peuvent venir chercher les livres chez vous ! Ce déplacement se fait dans une limite de 10 cartons de livres. Si cette option vous intéresse, remplissez ce formulaire d'enlèvement en ligne. et vos petits livres chéris partiront dans les 3 semaines suivantes...

Avant de donner vos livres, quelques consignes à observer :
  • Ne donnez pas de livres annotés (personne n'a besoin de lire vos remarques si pertinentes soient-elles !)
  • Veillez à ce que vos livres n'aient pas de pages déchirés (il peut être frustrant de ne pas pouvoir lire les pages les plus croustillantes !)
  • Assurez-vous qu'ils aient bien un code ISBN ou un code barre (à moins qu'ils soient issus de la bibliothèque de l'arrière grand-père, ils doivent normalement en avoir un...)
Ne donnez pas :
  • de manuels scolaires (trop barbants... on préfère les BD et les romans !)
  • de guides touristiques (les infos changent, changent... on arrive et l'hôtel est fermé depuis 2 ans !)
  • d'ouvrage de prosélytisme religieux (ouille, ça brûle !)
  • d'ouvrage de droit de plus de 3 ans (il serait dommage d'apprendre un code civil périmé !)
  • d'ouvrages scientifiques de plus de 10 ans (sauf ouvrages de références).

Vous avez à présent toutes les cartes en main pour vous y mettre. Bons cartons !

Pour tout connaître des programmes (la Khan Academy, les Voyageurs du code, Ideas Box...), et pourquoi pas devenir bénévole* ? toutes les infos sur Bibliothèques Sans Frontières ici.
Le designer Philippe Starck à conçu l'Ideas Box

Projet formidable dont il faut absolument que je vous parle... 

* Vous rencontrerez des gens engagés et très sympathiques !

vendredi 21 novembre 2014

Prix littéraires : faites-votre choix... ou pas !

C'est tout chaud, c'est de ce matin ! Extrait du journal Le Parisien, cet article de Pierre Vasseur peut vous aider à vous y retrouver dans la jungle des prix littéraires de la rentrée. Le journaliste dresse un classement succinct des livres récompensés en trois catégories, simples et efficaces, "formidable", "pas mal" et "bof".

Si vous suivez cette saga littéraire annuelle ce classement peut vous intéresser. Cela tombe à point nommé, car il est pour vous amis lecteur ! Pour ma part, n'étant pas fan des livres labellisés comme des saucisses de Morteau ou autre jambon de Bayonne, je préfère renifler de-ci de-là, dans les librairies (physiques ou numériques), mes propres pépites et (re)découvrir un auteur, sans que la mode du moment ne m'impose un choix.

Ceci dit, "Charlotte" de David Foenkinos, Renaudot et Goncourt des lycéens, me fait de l'oeil déjà depuis plusieurs mois. Cependant, je vais sagement attendre que l'engouement collectif né de la surexposition médiatique s'estompe avant d'y goûter...

Article du Parisien du vendredi 21 novembre 2014

lundi 17 novembre 2014

"L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage" d'Haruki Murakami est tout sauf incolore !

Les livres d'Haruki Murakami sont des photographies de la société japonaise. Avec son dernier roman "L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage", paru aux éditions Belfond, l'auteur explore des thèmes très intimes que sont la jalousie, l'amour, la solitude et la renonciation.

"L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage" conte l'histoire de cinq amis d'école inséparables (trois garçons et deux filles).

"Pourtant, le hasard avait voulu que Tsukuru Tazaki se distingue légèrement sur un point : son patronyme ne comportait pas de couleur. Les deux garçons s'appelaient Akamatsu - Pin rouge -, Omi - Mer bleue -, et les deux filles, respectivement Shirane - Racine blanche - et Kurono - Champ noir". (page 13)

Livre paru aux éditions Belfond
Alors que quatre de ses amis demeurent à Nagoya, Tsukuru part poursuivre ses études à Tokyo. De retour dans sa ville lors de congés, ses amis lui signifient clairement et sans aucune explication qu'ils ne veulent plus avoir aucun contact avec lui !

"Désolé, mais nous ne voulons plus que tu nous téléphones désormais", déclara Bleu. Aucune formule de politesse préalable. Ni : "Allo, c'est toi ?", ni : "Tu vas bien ?" ni encore "Ca fait longtemps !" "Désolé" fut sa seule marque de civilité.
Tsukuru prit une inspiration et se répéta mentalement les mots de Bleu, tentant de déceler une émotion dans les intonations de son ami...
"Si vous refusez tous que je vous appelle, eh bien, évidemment, je ne le ferai plus", répondit Tsukuru. (Page 40)

Résigné Tsukuru cesse de les rappeler et s'enferme peu à peu dans une solitude qui le ronge et qui le tue. Il continue sa vie et devient architecte ferroviaire.
Et puis Sara entre dans sa vie. Elle va sentir une faille en Tsukuru et va l'aider à aller de l'avant, à affronter ses angoisses pour apprendre à revivre.

"Tu dois regarder ton passé en face comme l'excellent professionnel que tu es à présent, non plus comme un jeune homme naïf et vulnérable. Il ne s'agit pas de voir ce que tu veux voir, mais de voir ce que tu dois voir. Sinon, tu passeras ta vie présente et future à trimballer des bagages trop lourds à porter. Alors, je t'en prie, dis-moi le nom de tes quatre amis. Et je vais chercher où ils se trouvent et ce qu'ils font". (Page 116)

Dès lors, muni des adresses de ces anciens camarades, Tsukuru part à leur recherche pour percer le secret de leur silence. Il retournera dans la ville de sa jeunesse, puis s'envolera pour la Finlande. Au cours de ses investigations et de son pèlerinage, il découvrira des amis bien changés et surtout sera confronté à une nouvelle effroyable... que je vous laisse découvrir.

L'écriture d'Haruki Murakami est le reflet de la société japonaise. Une philosophie qui nous échappe un peu à nous européens. Un peuple qui semble pouvoir traverser les pires tragédies en gardant toujours le contrôle de tout. Le contrôle des émotions, de la parole, des sentiments, des gestes...

Post Fukushima, un documentaire avait été diffusé sur Arte. On suivait le quotidien d'un couple d'agriculteurs resté dans leur ferme contaminée, où l'eau du puits était aussi impropre à la consommation, bien-sûr. Suite à ce drame leur vie était devenue extrêmement difficile (plus de vente de légumes, donc plus de ressources) et précaire d'un point de vue sanitaire (risque élevé de développer des cancers).
(c) 2011 Iván Giménez - Tusquets Editores


Face à une telle situation insoluble, d'autres peuples se seraient révoltés, s'en seraient pris à la direction de la centrale ou au gouvernement. Eux non. Ils étaient (ou semblaient) résignés à subir leur sort sans proférer aucune plainte. Si créatrice, si vivante, si pleine d'énergie et de volonté et à la fois si calme et prête à endosser toutes les tortures. Je trouve cette société nippone tout à fait fascinante !

Haruki Murakami sait toucher droit au coeur, son écriture est simple, dépouillée, sans fioriture, sans excès. Nous terminerons par ce joli passage sur la jalousie.

"La jalousie, du moins telle que Tsukuru l'avait conçue dans son rêve, est la prison la plus désespérée du monde. Parce que c'est la geôle dans laquelle le prisonnier s'enferme lui-même. Personne ne le force à y entrer. Il y pénètre de son pleine gré, verrouille la porte de l'intérieur puis jette la clé de l'autre côté de la grille. Personne ne sait qu'il s'est lui-même emprisonné. Bien entendu, si le captif décidait d'en sortir, il le pourrait. Parce que cette prison se situe dans son coeur. Mais il est incapable de prendre cette décision. Son coeur est aussi solide et dur qu'un mur de pierre. Telle est la véritable nature de la jalousie". (Page 55)

mardi 11 novembre 2014

"Le fils de la maîtresse de Pétain", un excellent roman à découvrir

Contrairement à ce que beaucoup (trop) de lecteurs pensent encore, la qualité d'un livre ne dépend pas de son support ! Qu'il soit papier ou numérique, le pire comme le meilleur existe... Aujourd'hui, c'est votre jour de chance, je partage avec vous le meilleur ;-)

"Le fils de la maîtresse de Pétain", écrit par Hervé Torchet et paru aux éditions Numeriklire.net, est la démonstration parfaite qu'un livre numérique peut être d'une grande qualité littéraire.

Cet excellent roman, basé sur une histoire vraie, nous plonge dans les sombres années de l'Occupation et même avant. Du temps où le nom de Philippe Pétain était synonyme de libération et pas encore de collaboration.

Marthe Ravel est l'épouse d'un éminent chirurgien breton qui s'ennuie ferme dans sa province. Elle est aussi celle qui sera la plus durable maîtresse de Pétain.

"Elle a trente-trois ans, et s'effraie de voir sa beauté se faner déjà, et son éclat se ternir avec elle. Elle dorloterait bien ses bambins qui l'adorent, mais cela ne se fait pas ou ne suffit pas. La tendresse doit venir d'ailleurs. Et voilà qu'en cette année 1907, un nouveau colonel est nommé à la tête de la garnison.
Ce colonel, c'est Pétain.
Jean ne sait pas exactement quand il a compris que Pétain était devenu l'amant de sa mère et l'ami de son père".

Son fils, Jean Ravel, devient un haut fonctionnaire du Quai d'Orsay sur lequel le héros de Verdun a toujours posé une main bienfaitrice. Cependant, le temps des choix est venu...

"Il sait aussi la question que Berlioz ne pose pas, mais qui le taraude : et si lui, Ravel, trahissait l'homme à qui il doit tant ? Peut-il renoncer à Pétain si facilement ? Joue-t-il franc-jeu ? La France, oui, certes, mais l'amitié, la reconnaissance, la dette d'honneur". 
Livre paru aux éditions Numériklire.net


Tiraillé entre sa reconnaissance et son amitié pour l'amant de sa mère, Jean Ravel penchera sans équivoque pour le camp Gaulliste et rejoindra Alger.

"Mais le privilège du Maréchal continue et la micheline remonte paisiblement la France du sud au nord sans que l'occupant y mette son nez, ce qui arrange bien Jean, dont la serviette est gonflée de documents confidentiels et de messages codés. Que la mécanique se grippe un seul instant, que le parapluie se ferme, et il passera aussitôt du confort relatif du pouvoir vichyssois au verdict implacable du peloton d'exécution, en admettant même qu'il ait la chance d'éviter le transit par les bas-fonds de la torture".

Au travers de la voix de Jean Ravel, aussi poète, ce livre explique avec une infinie sensibilité la difficulté à faire des choix. "Le fils de la maîtresse de Pétain" est un vibrant hommage à ces femmes et à ces hommes de l'ombre, pour la plupart, qui ont risqué leur vie et décidé de suivre des chemins dangereux pour la Liberté.

C'est un roman intelligent et bien écrit, qui pousse à la réflexion... 

"Oui, décidément, que n'est-il mort avant l'infamie de Munich, on lui édifierait des statues dans tous les villages, au lieu de quoi il sert l'Allemagne et son image encourage les Français à collaborer avec l'occupant, et il tolère que l'on arrête des enfants juifs jusque dans la propre ville où il a établi ses quartiers. A-t-il fait le tri entre les juifs et les autres, dans la tranchée de Verdun ? Bien sûr que non. Mais alors, il était encore Pétain, l'homme à la légende, un mythe qui, dans quelques mois, quand les Alliés auront renvoyé les folies de Berlin dans les soupiraux des bas-fonds de l'Histoire, aura disparu à tout jamais sous la souillure de la collaboration. Alors, surtout il était l'amant de ma mère."

A télécharger d'urgence ici pour le format epub et pour le Kindle c'est ici.

mercredi 5 novembre 2014

"Miss Mackenzie" d'Anthony Trollope : un classique pas barbant pour 2 sous !

J'entends d'ici certains internautes penser "Pouah du classique !" Ne fuyez pas tout de suite. Certes, "Miss Mackenzie" est à classer dans le rayon "Littérature classique". Mais ce n'est pas inéluctablement synonyme de barbant. Anthony Trollope démontre à la perfection que l'on peut associer à un style très académique une plume alerte. Rien de pompeux ou de lourd ici, d'ailleurs si vous n'appréciez pas spécialement le classique "Miss Mackenzie" participera à vous faire changer d'avis tant elle sait se montrer persuasive et finaude !

Dans la collection Le Livre de Poche

Par les fruits du hasard Miss Mackenzie, que rien ne destinait à un bel avenir (c'est-à-dire à un "beau" mariage assorti d'une belle dote), va être propulsée à la tête d'un coquet héritage. Vous imaginez, sans difficulté, que dès lors notre vieille fille va se retrouver au centre des regards et des attentions, pour certains pas très innocents. Comment cette trentenaire, avec laquelle la vie n'a jamais été douce, va t-elle réussir à naviguer dans une mer infestée de requins-canailles davantage attirés par ses sous que par ses charmes naturels ?

Les prétendants grouillent dans la mare au mariage ! John Ball, son cousin, veuf, père de famille nombreuse et un peu mou du genou, le séduisant et inquiétant Samuel Rubb associé de son frère ou encore le révérend Maguire affublé d'un oeil affreux. La fortune aidant, Miss Mackenzie change elle aussi... Autrefois moins regardante sur les qualités de son époux, elle scrute, elle détaille à présent avec plus de sévérité la moindre imperfection. Elle gagne aussi en grâce et en distinction. Bientôt son héritage va être remis en question. Celle que son entourage prenait pour une idiote, va se révéler maligne, intelligente et déterminée à pendre les bonnes décisions et son destin en main.

Ce livre est une très intéressante étude de mœurs de l'Angleterre victorienne doublée d'une analyse de la condition féminine.

A l'instar des grands auteurs britanniques tels que Wilkie Collins, William Makepeace ThackerayAnthony Trollope maîtrise l'art de l'intrigue et de la finesse psychologique des personnages. Il fait partie de ces auteurs dits "classiques" mais d'une modernité incomparable. Peut-être est-ce la raison pour laquelle ils ne passent jamais de mode...

Par ce temps frisquet, je vous le recommande chaudement !