mardi 27 mai 2014

Pelham Grenville Wodehouse so british

Temps morose, moral dans les chaussettes, pas envie de sortir... Restez à la maison en compagnie de Pelham Grenville Wodehouse. Voici un auteur qui va réveiller votre bonne humeur et vous activer les zygomatiques !

P.G Wodehouse est un auteur britannique de romans et de nouvelles injustement méconnu en France. C'est un des maîtres de l'intrigue joyeuse, des situations loufoques et des vaudevilles épiques. Cette drôlerie n'enlève rien, ni à la densité des personnages ni aux ressorts des intrigues tirées au cordeau.

Comme souvent avec Plum, ses personnages trouvent leur scène dans le milieu de la gentry britannique de l'entre deux guerres (1918-1940).

Ses personnages sont toujours excentriques à souhait, ses dialogues sont énergiques et teintés d'argot édouardien, son humour est présent à chaque coin de page, sa grammaire sans fausse note. Wodehouse est un magicien des belles lettres !
P.G. Wodehouse à 23 ans.


Couverture de "Si j'étais vous"

Les éditions Les Belles Lettres justement viennent d'éditer en français, "Si j'étais vous", roman paru en 1931.

Anthony, cinquième comte de Droitwich, découvre qu'il a été échangé, au berceau, avec le fils de la nourrice, Syd Price, actuellement coiffeur à Londres. Lorsqu'il l'apprend Syd réclame son héritage et va devoir faire face aux difficultés de la vie d'un noble britannique tandis qu'Anthony se résigne à aller diriger son salon de coiffure. Il s'aperçoit alors que sa fiancée, la belle Violet, riche héritière de l'empire des Quatre-vingt-dix-sept Soupes, n'en voulait qu'à son titre...

C'est avec un féerique décor de château anglais que débute le roman : A travers les larges portes-fenêtres du salon de Langley End, la demeure campagnarde d'Anthony, cinquième comte de Droitwich, dans le comté de Worcestershire, bien des choses pouvaient attirer et charmer le regard. Au-délà de l'allée de graviers bien ratissée qui disparaissait derrière une haie de rhododendrons s'étendait une pelouse veloutée, roulée et tondue depuis des siècles par des générations de jardiniers attentifs".
Les rôles vont s'inverser.  Anthony (ex comte de Droitwich) va devoir apprendre à "déboiser des crinières" alors que Syd Price va devoir, au péril de sa vie, apprendre à monter à cheval tel un noble accompli "Si vous voyiez mes bleus, vous auriez pas l'coeur d'm'y envoyer. Ma cuisse droite r'semble plus à un coucher de soleil qu'à une jambe humaine".



P.G. Wodehouse a été un auteur des plus prolifiques. En effet, il a écrit pas moins de 70 romans, 200 nouvelles et 19 pièces de théâtre !

Si vous vous aventurez (ce que je vous recommande grandement) dans l'univers délirant de Wodehouse, vous rencontrerez forcément ses deux personnages clés, apparaissant dans une quinzaine d'ouvrages : Jeeves valet de chambre stylé et coincé, et son maître Bertram Wooster dit "Bertie", jeune aristocrate désœuvré toujours pris dans des situations des plus périlleuses et cocasses.

Sachez qu'il existe même un club dédié à cet auteur, "Les Amis de Plum P.G. Wodehouse Club", prêt à vous accueillir.

Frappez à la porte, c'est ici !
Parmi  les célèbres romans de Wodehouse...


vendredi 9 mai 2014

Un livre sur la mort bien sympathique (le livre pas la faucheuse bien-sûr !)

Je ne sais pas si les morts intelligentes existent, en revanche les morts stupides existent bel et bien ! 120 ont été recensées par 6 auteurs (historiens, chercheurs...) dans un recueil intitulé "La Tortue d'Eschyles et autres morts stupides de l'Histoire". Ce livre conte les fins tragiques et plutôt bêtes de personnalités diverses et variées (philosophes, écrivains, peintres, hommes politiques, danseuses, magiciens...)

"La Tortue d'Eschyles et autres morts stupides de l'Histoire" est un ouvrage plaisant et distrayant à parcourir. On glane, ici et là, des anecdotes croustillantes, on découvre des personnages historiques oubliés ou inconnus... On passe un fort bon moment et on sourit souvent !

Livre paru en 2012, aux éditions "les arènes"

Verso du livre.

Parmi ces morts, certaines sont plus notables que d'autres, plus romanesques...

Qui n'a pas rêvé en lisant les épopées de l'explorateur Jules-Sébastien-César Dumont d'Urville ? Celui même qui a découvert et offert à Louis XIII la célèbre Vénus de Milo, ce grand navigateur de l'Astrolabe qui, en 1840, posa le pied sur une nouvelle terre antarctique inconnue qu'il baptisa Terre Adélie, en  hommage à sa femme Adèle. Ce grand aventurier qui parcouru trois fois le tour de la Terre, trouva la mort dans un des premiers accidents ferroviaires de l'histoire à Meudon... en banlieue de Paris.

Si le romancier américain William Burroughs, un des associés de la Beat Generation, est décédé très tranquillement des suites d'une attaque cardiaque en 1997, il n'en est pas de même de sa femme ! Comme chacun sait, sa vie ne fût pas un long fleuve tranquille... Après avoir testé diverses drogues avec ses amis Jack Kerouac et Allen Ginsberg, il prend des vacances forcées au Mexique. Au cours d'une soirée bien (trop) animée avec Joan (aussi atteinte que lui), il lui prend de reconstituer Tell en direct ! Il sort alors un pistolet automatique. Il ne visera pas la pomme mais... sa femme en pleine tête !

Quittons-nous sur une note de poésie avec l'histoire de Nicolas Gilbert, poète du XVIIIe. Nicolas-Joseph-Laurent Gilbert est le fils d'une simple paysan lorrain. Il est remarqué par son curé qui lui enseigne les lettres et le latin. Devenu jeune homme, le lorrain bat le pavé de Paris, bien décidé à faire reconnaître son talent. Or, la critique le démolit et "les grands du royaume, qu'il inonde de poèmes à leur gloire, ne lui jettent que quelques rogatons pour sa subsistance." (page 83) Gilbert vit alors comme un clochard. Un jour, il apprend qu'une riche famille cherche un précepteur ; il va trouver d'Alembert pour obtenir une lettre de recommandation. L'encyclopédiste lui promet son soutien - et s'empresse de faire donner la place à un autre... Dès lors, la guerre est déclarée ! Notre malheureux poète attaque non seulement les philosophes de l'esprit des Lumières mais aussi leurs protecteurs ! Au cours d'une bastonnade, il chute de cheval et est transporté à l'hôpital, avec sa cassette qui ne le quitte jamais. Il subit une trépanation qui le rend vraisemblablement zinzin car... il avale la clef de la cassette ! La clef reste coincée dans l'estomac le menant à l'agonie.

Huit jours avant sa mort, Nicolas Gilbert a composé la seule ode estimée de son oeuvre. La voici :

Les Adieux à la vie

Au banquet de la vie, infortuné convive,
J'apparus un jour, et je meurs ;
Je meurs, et sur ma tombe où lentement j'arrive,
Nul ne viendra verser des pleurs.

Salut, champs que j'aimais, et vous douce verdure,
Et vous, riant exil des bois !
Ciel, pavillon de l'homme, admirable nature,
Salut pour la dernière fois !

Ah ! puissent longtemps voir votre beauté sacrée
Tant d'amis sourds à mes adieux !
Qu'ils meurent pleins de jours ; que leur mort soit pleurée !
Qu'un ami leur ferme les yeux !

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