Elle mène une vie de voyages au gré des fouilles de son mari en Syrie, en Iraq... "La romancière et l'archéologue" est une invitation au voyage, à remonter le temps. Heureux temps où le train était mythique... En 1930, alors qu'elle voyageait à bord de l'Orient-Express, pensait-elle déjà, qu'il lui inspirerait quatre ans plus tard, une de ses plus fameuses intrigues ?
"Enfin, après sept heures de chaleur, de monotonie et de paysages désertiques. Palmyre ! Selon moi, tout le charme de Palmyre réside dans cette beauté étrange qui surgit d'une manière féerique en plein désert. C'est un lieu irrésistible, singulier et incroyable, qui porte en lui toute l'invraisemblance théâtrale d'un rêve. Cours, temples, colonnes en ruine...
Je ne sais toujours pas aujourd'hui ce que je pense vraiment de Palmyre. Elle a gardé pour moi l'irréalité de cette première découverte. J'avais mal à la tête et aux yeux, et mon état ne faisait qu'accentuer cette impression d'hallucination fiévreuses ! Ce n'était pas, ce ne pouvait pas être vrai..." (page 52)
Palmyre, la palmeraie et le temple de Bel © Christophe Lurie |
"Une vieille femme s'approche d'Hamoudi ; elle tient par la main un garçon d'une douzaine d'années.
- Le khwaja a-t-il des médicaments ?
- Il y en a quelques-uns. Pourquoi ?
- En donnerait-il à mon fils ?
- De quoi souffre t-il ?
Hamoudi aurait presque pu se passer de poser la question. Nous avons clairement affaire à un déficient mental. Hamoudi hoche la tête tristement mais répond qu'il va demander au khwaja.
... La femme et l'enfant s'approchent de Max. Ce dernier observe l'enfant et se retourne doucement vers sa mère.
- Ton fils est ainsi par la volonté d'Allah, lui dit-il. Je ne peux lui donner aucun médicament".
La femme soupire. Je crois voir rouler une larme le long de sa joue. Puis elle dit, prosaïque :
"Alors, khwaja, me donneras-tu du poison ? Il vaut mieux qu'il meure".
Max répond doucement qu'il ne le peut pas non plus. Elle le dévisage sans comprendre puis secoue la tête furieusement et s'éloigne avec son fils". (page 104)
"Pour nous autres Occidentaux qui attachons la plus grand importance à la vie, il est difficile d'adapter notre psychologie à des échelles de valeurs aussi différentes. Néanmoins, pour un esprit oriental, c'est aussi simple que ça. La mort est inévitable, elle est aussi inéluctable que la naissance ; qu'elle survienne en pleine jeunesse ou à un âge avancé ne dépend que d'Allah. Et cette croyance, cette acceptation abolit ce qui est devenu la malédiction de notre monde actuel : l'angoisse. La liberté ne découle peut-être pas de la misère, mais il existe certainement une liberté liée à l'absence de peur. Et l'oisiveté est un état naturel et béni, le travail, une nécessité contraire à la nature". (Page 143).
| Agatha est intelligente, pudique, réservée, sensible aux autres, ouverte et respectueuse des traditions d'autrui. "La romancière et l'archéologue" est un petit livre de 300 pages qui ouvre une petite lucarne sur cette femme secrète. Agatha ne dit que ce qu'elle veut ! Je suis piquée au vif et j'ai une furieuse envie d'en savoir plus ! J'entame très vite son autobiographie de presque 1 000 pages. Se montrera t-elle plus prolixe ? Je ne sais pas. Je suis seulement certaine d'une chose : je passerai un délicieux moment en compagnie de la reine du crime. |
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