Saphia Azzeddine dresse, avec son roman "Combien veux-tu m'épouser", l'esquisse d'une société gavée d'argent, de réussite, d'égoïsme, d'égocentrisme... et de tous les "ismes" de la même veine ! Ce pourrait être fort ennuyeux tant le sujet semble avoir été traité dans tous les sens avec plus ou moins de bonheur.
"Combien veux-tu m'épouser", édité chez Grasset, est un roman, mais c'est avant tout une chronique sociale, un portrait acide d'une certaine "upper class", d'un monde grouillant de pleurnichards qui visitent plus souvent leur chirurgien esthétique que leur boucher. Saphia Azzeddine excelle dans l'art de poser le doigt là où ça fait mal. Elle est aussi l'auteure, entre autres, de "Mon père est femme de ménage" (2009), et de "La Mecque-Phuket" (2010)
Ainsi, Farida, ne nourrit aucune illusion à l'égard de Tatiana "Madame Tatiana agissait, quand j'étais là, comme si je n'existais pas. Elle ne modifiait rien dans son comportement, ne censurait pas ses paroles, et plutôt que de m'amuser, j'y lisais un terrible mépris et une profonde mésestime. D'autres, plus naïves, pourraient y voir le signe d'une confiance aveugle de leur patronne, mais il ne s'agissait pas de ça. Madame Tatiana me niait toute existence sociale". (page 108)
Le père, a lui aussi une vision bien personnelle des femmes et de leur rôle. "Les femmes ont déserté leurs foyers avec une facilité déconcertante et peu louable pour aller s'agiter derrière des écrans d'ordinateur. Comme si elles y comprenaient quelque chose. Elles auraient mieux fait de verrouiller leurs claviers plutôt que leurs ovaires et ne pas laisser leurs progénitures partir à la dérive comme autant de clandestins sur des bouées crevées".
Il poursuit fataliste, "Il n'y a rien de plus abject qu'une bourgeoise qui dans la singerie de l'indignation, trouve une posture confortable mais qui, passé un certain âge, revient à des goûts plus classiques, voire traditionnels en courant les médecins et les fécondations in vitro. Je ne veux pas que ma fille soit ce genre de femme là". (page 49)
J'ai beaucoup apprécié le ton féroce du roman et la satire drôle et cruelle à la fois. Je vous conseille d'emmener ce livre avec vous, que ce soit sur votre île privée des Seychelles, ou à Paris Plage ;)
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